Terre de Meufs #03 – Georges Nigremont
Terre de meufs a pour volonté de raconter les femmes écrivaines de chez nous. Terre de meufs a pour volonté de donner un espace, une voix, du temps à celles qui ont été et qui sont. Terre de meufs, c’est elles.
Georges Nigremont, nom de plume de Léa Védrine, est une écrivaine creusoise et autrice de littérature jeunesse du XXe siècle. Son désir de transmettre l’histoire de la campagne fait de son œuvre un véritable témoignage de la vie des paysans et maçons creusois. Avec ce troisième épisode de Terre de meufs, plongez dans les existences oubliées de ceux qui ont bâti chez nous.
Pour poursuivre ce voyage rustique, d’autres œuvres de Georges Nigremont sont à découvrir, notamment son roman La Bru ou les Contes et légendes de l’Auvergne, de la Marche et du Limousin
« Chez nous, qui avions trois vaches, une vingtaine de brebis, on parvint à attendre le printemps sans avoir trop pâti. Pourtant ma mère était bien soucieuse. Elle répétait souvent : « Pourvu que ton père rapporte un peu d’argent de sa campagne ! Car mon père, comme presque tous les hommes de La Creuse – comme je devais l’être à mon tour -, était un émigrant, c’est-à-dire qu’il partait chaque année, vers le mois de mars, pour aller travailler comme maçon dans les chantiers de Paris et revenir aux approches de Noël. Quand la campagne avait été bonne, c’étaient quatre cents, cinq cents francs parfois, qui tombaient à la maison. C’est-à-dire de quoi acheter du blé, une vache, payer ses dettes, car bien rares étaient en ce temps-là les paysans qui ne devaient pas, comme on disait, au chien et au loup. Mais si l’homme n’avait pas eu beaucoup d’embauche, s’il était tombé malade, ou s’il avait fréquenté plus que de raison le cabaret, il arrivait qu’il ne rapportât presque rien.»
Georges Nigremont, Jeantou, le maçon creusois, 1936.